Page:Gautier - Mademoiselle Dafne - recueil 1881.djvu/46

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le sein palpitait sous ses dentelles d’argent. La chambre n’était éclairée que par une lampe à trois becs découverte à Pompéï. Dafné tournait le dos à la lampe et sa figure baignait dans l’ombre ; si la lumière l’eût frappée, Lothario n’eût pas trouvé naturelles, en ce moment, la pâleur livide de la jeune femme et l’expression hagarde de ses yeux. Avec un geste qui simulait une mutinerie pudique, la Dafné se dégagea de l’étreinte du prince et, comme si elle chancelait d’émotion, elle appuya sa main tremblante sur la tête du sphinx de droite, dont les doigts à tâtons cherchaient l’œil gauche. Quand elle l’eût rencontré, elle en pressa fortement la prunelle, comme le bouton d’un timbre, ainsi que le lui avait commandé la dame à la toilette noire, qui lui inspirait une si profonde terreur.

À cette pression, le dessus du divan s’ouvrit comme au théâtre une trappe anglaise, précipitant Lothario dans un