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MADEMOISELLE DE MAUPIN.

familiarisé avec elle, et que je suis entré plus avant dans le secret de sa beauté, je fais une comparaison tacite d’elle à moi ; la jalousie se tord au fond de mon âme en nœuds plus entortillés qu’une vipère, et j’ai toutes les peines du monde à ne pas me jeter sur la toile et à ne pas la déchirer en morceaux.

Être beau, c’est-à-dire avoir en soi un charme qui fait que tout vous sourit et vous accueille ; qu’avant que vous ayez parlé tout le monde est déjà prévenu en votre faveur et disposé à être de votre avis ; que vous n’avez qu’à passer par une rue, ou vous montrer à un balcon pour vous créer, dans la foule, des amis ou des maîtresses. N’avoir pas besoin d’être aimable pour être aimé, être dispensé de tous ces frais d’esprit et de complaisance auxquels la laideur vous oblige, et de ces mille qualités morales qu’il faut avoir pour suppléer la beauté du corps ; quel don splendide et magnifique !

Et celui qui joindrait à la beauté suprême la force suprême, qui, sous la peau d’Antinoüs, aurait les muscles d’Hercule, que pourrait-il désirer de plus ? Je suis sûr qu’avec ces deux choses et l’âme que j’ai, avant trois ans, je serais empereur du monde ! — Une autre chose que j’ai désirée presque autant que la beauté et que la force, c’est le don de me transporter aussi vite que la pensée d’un endroit à un autre. — La beauté de l’ange, la force du tigre et les ailes de l’aigle, et je commencerais à trouver que le monde n’est pas aussi mal organisé que je le croyais d’abord. — Un beau masque pour séduire et fasciner sa proie, des ailes pour fondre dessus et l’enlever, des ongles pour la déchirer ; — tant que je n’aurai pas cela, je serai malheureux.

Toutes les passions et tous les goûts que j’ai eus n’ont été que des déguisements de ces trois désirs. J’ai aimé les armes, les chevaux et les femmes : — les armes, pour