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MADEMOISELLE DE MAUPIN.

et à moitié endormi sur sa chaise, à l’angle de la cheminée, n’était rien moins que ce qu’il paraissait être, mais bien une jeune fille, un morceau de roi, comme ils disent, certes ils eussent bien vite changé de ton, vous les auriez vus aussitôt se rengorger et faire la roue. Ils se seraient approchés avec force révérences, les jambes cambrées, les coudes en dehors, le sourire dans les yeux, dans la bouche, dans le nez, dans les cheveux, dans toute l’habitude de leur corps ; ils auraient désossé les mots dont ils se seraient servis, et n’auraient parlé qu’avec des phrases de velours et de satin ; au moindre de mes mouvements, ils auraient eu l’air de s’étendre sur le plancher en manière de tapis, de peur que la délicatesse de mes pieds ne fût offensée par ses inégalités ; toutes les mains se fussent avancées pour me soutenir ; le siége le plus moelleux eût été disposé à la meilleure place ; — mais j’avais l’air d’un joli garçon, et non d’une jolie fille.

J’avoue que je fus presque sur le point de regretter mes jupes, en voyant le peu d’attention qu’ils faisaient à moi. — J’en fus une minute toute mortifiée ; car, de temps en temps, il m’arrivait de ne plus songer que j’avais des habits d’homme, et j’eus besoin d’y penser pour ne pas prendre de mauvaise humeur.

J’étais là, ne disant mot, les bras croisés et regardant avec un air en apparence fort attentif le poulet qui se nuançait de teintes de plus en plus vermeilles et le malheureux chien que j’avais si malencontreusement dérangé, et qui se démenait dans sa roue comme plusieurs diables dans le même bénitier.

Le plus jeune de la troupe me vint frapper sur l’épaule un coup qui, ma foi, me fit beaucoup de mal, et m’arracha un petit cri involontaire, et il me demanda si je n’aimerais pas mieux souper avec eux que tout seul,