Page:Gautier - Militona, Hachette, 1860.djvu/105

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Les yeux d’Argamasilla lui sortaient des orbites, tant il écoutait, avec une attention profonde, le raisonnement de son ami Covachuelo.

« Je ne pense pas que don Andrès eût fait préparer d’avance les habits dont il se serait revêtu plus tard dans une maison du quartier où nous avons perdu ses traces ; il doit avoir acheté des nippes chez quelque fripier, après avoir renvoyé ses propres vêtements.

— Tu es un génie, un dieu, dit Argamasilla en serrant Covachuelo sur son cœur ; permets que je t’embrasse : à dater de ce jour, je ne suis plus ton ami, mais ton séide, ton chien, ton mameluk. Dispose de moi, grand homme, je te suivrai partout. Ah ! si le gouvernement était juste, au lieu d’être simple agent de police, tu serais chef politique dans les plus importantes villes du royaume. Mais les gouvernements ne sont jamais justes !

— Nous allons fouiller toutes les boutiques des fripiers et des marchands d’habits tout faits de la ville ; nous examinerons leurs registres de vente, et nous aurons, de cette manière, le nouveau signalement du seigneur Salcedo. Si le portier avait eu l’idée d’arrêter ou de faire arrêter le muchacho qui a remis le paquet, nous aurions su par lui qui l’envoyait, et d’où il venait. Mais les gens qui ne sont pas de la partie ne pensent à rien, et nul ne pouvait prévoir cet incident. Allons, en route, Argamasilla :