Page:Gautier - Militona, Hachette, 1860.djvu/28

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sero avait mis le genou en terre comme pour servir de marchepied à la belle manola, qui descendit en lui appuyant légèrement le bout des doigts sur l’épaule : l’extraction de la vieille fut autrement laborieuse ; mais enfin elle s’opéra heureusement, et les deux femmes, suivies d’Andrès, s’engagèrent dans l’escalier de bois qui conduit aux gradins.

Le hasard, par une galanterie de bon goût, avait distribué les numéros des stalles de façon que don Andrès se trouvât assis précisément à côté de la jeune manola.



II


Pendant que le public envahissait tumultueusement la place, et que le vaste entonnoir des gradins se noircissait d’une foule de plus en plus compacte, les toreros arrivaient les uns après les autres par une porte de derrière dans l’endroit qui leur sert de foyer, et où ils attendent l’heure de la funcion.

C’est une grande salle blanchie à la chaux, d’un aspect triste et nu. Quelques petites bougies y font trembloter leurs étoiles d’un jaune fade devant une image enfumée de Notre-Dame suspendue à la muraille ; car, ainsi que tous les gens exposés par état à des périls de mort, les toreros sont dévots, ou tout