Page:Gautier - Militona, Hachette, 1860.djvu/43

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Les plafonds craquaient sous les admirations de l’étage supérieur, et la peinture détachée s’envolait en tourbillons de pellicules blanchâtres.

Le torero ainsi applaudi, l’éclair aux yeux, la joie au cœur, leva la tête vers la place où se trouvait Militona, comme pour lui reporter les bravos qu’on lui criait de toutes parts et lui en faire hommage.

Le moment était mal choisi. Militona avait laissé tomber son éventail, et don Andrès, qui s’était précipité pour le ramasser avec cet empressement à profiter des moindres circonstances qui caractérise les gens désireux de fortifier d’un fil de plus la chaîne frêle d’une nouvelle liaison, le lui remettait d’un air tout heureux et d’un geste le plus galant du monde.

La jeune fille ne put s’empêcher de remercier d’un joli sourire et d’une gracieuse inclinaison de tête l’attention polie d’Andrès.

Ce sourire fut saisi au vol par Juancho ; ses lèvres pâlirent, son teint verdit, les orbites de ses yeux s’empourprèrent, sa main se contracta sur le manche de la muleta, et la pointe de son épée, qu’il tenait basse, creusa convulsivement trois ou quatre trous dans le sable.

Le taureau, n’étant plus dominé par l’œillade fascinatrice, se rapprocha de son adversaire sans que celui-ci songeât à se mettre en garde. L’in-