Page:Gautier - Poésies de Th. Gautier qui ne figureront pas dans ses œuvres.djvu/43

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Et l’on voit sous leurs doigts d’ivoire,
Naïf détail que nous aimons,
Germer la mousse blonde ou noire
Dont Cypris tapisse ses monts.

 
À Rome, ouvrant ses cuisses rondes,
Sur un autel d’or, Danaé
Laisse du ciel, en larmes blondes,
Pleuvoir Jupiter monnoyé ;


Et la tribune de Florence
Au cant choqué montre Vénus
Baignant avec indifférence
Dans son manchon ses doigts menus.

 
Maître, ma gondole à Venise
Berçait un corps digne de toi,
Avec un flanc superbe où frise
De quoi faire un ordre de roi.

 
Pour rendre sa beauté complète,
Laisse-moi faire, ô grand vieillard,
Changeant mon luth pour ta palette,
Une transposition d’art.

 
Oh ! comme dans la rouge alcôve,
Sur la blancheur de ce beau corps,
J’aime à voir cette tache fauve
Prendre le ton bruni des ors,

 
Et rappeler, ainsi posée,
L’Amour sur sa mère endormi,
Ombrant de sa tête frisée
Le beau sein qu’il cache à demi.