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LAMARTINE [1].

I

Nous sommes de ceux qui aiment passionnément ce siècle où nous vivons, et qui le considèrent comme le plus grand de nos siècles littéraires. C’est seulement de nos jours que la Poésie a conquis parmi nous l’étonnante plénitude de sa perfection sur la terre. Nous ne voulons, d’ailleurs, parler ici que de la France, et nous exceptons volontiers le théâtre d’un jugement qui ne saurait atteindre ces deux génies incomparables, Corneille et Racine. Rien n’est plus aisé, ce semble, que d’associer dans son admiration l’auteur de Polyeucte" et celui des "Feuilles d'automne", l’auteur d’ "Athalie" et celui des "Méditations". Il faut avoir l’intelligence très large et savoir tout admirer. C’est à la dilatation de son entendement que l’on reconnait un chrétien. La Poésie, en France, a traversé avant notre siècle deux périodes brillantes, mais dont l’une est moins connue que l’autre le moyen âge et le siècle de Louis XIV. A aucune de ces deux époques, elle n’a conquis autant de droits que de nos jours à l’estime d’un juge intelligent et impartial.

[1]Ecrit un an avant sa mort.