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PORTRAITS ET SOUVENIRS LITTÉRAIRES.

pour le mener vers la mystérieuse Ophir, où l’attendait la belle reine, objet de son amour.

Malgré tous ces travaux, Gérard n’était pas connu hors du cercle littéraire où on l’estimait à sa juste valeur ; car, malgré l’envie dont on les accuse, les virtuoses de chaque art apprécient très-bien la force respective de leurs confrères et les mettent à leur vraie place. À une époque où chacun aurait voulu marcher dans les rues précédé par les clairons de la Renommée, sur un char d’or à quatre chevaux blancs, pour mieux attirer les regards de la foule, Gérard cherchait l’ombre avec le soin que les autres mettaient à chercher la lumière. Nature choisie et délicate, talent fin et discret, il aimait à s’envelopper de mystère. Les journaux les moins lus étaient ceux qu’il préférait pour y insérer des articles signés d’initiales imaginaires ou de