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PORTRAITS ET SOUVENIRS LITTÉRAIRES.

L’histoire de ses amours resta toujours obscure ; il fonda un journal, il fit des pièces pour se rapprocher de son idole, il écrivit des lettres passionnées et charmantes qu’il mit sans doute à la poste dans sa poche, car celle à qui elles s’adressaient en eût été touchée. Déclara-t-il jamais formellement son amour ? Nous l’ignorons. Mais, dans sa nouvelle d’Aurélie, qui est comme une sorte d’histoire voilée de sa passion, il semble s’accuser d’un tort imaginaire ou réel qui lui aurait valu les rigueurs méritées de l’objet adoré. À la séparation dans cette vie s’ajoute la séparation dans l’autre. Croyant se soustraire à l’obsession d’un trop cher souvenir, il a brûlé les lettres et les frêles reliques d’amour laissées par Aurélie après sa mort, et cet holocauste réduit en cendres ses espérances de réunion extra-mondaine. Jamais il ne re-