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GÉRARD DE NERVAL.

IV

Mais laissons ces souvenirs personnels dont le charme nous entraîne, et quittons l’homme pour le littérateur. Dans sa première jeunesse, presque enfant, Gérard avait traduit Faust, et ses sympathies le poussaient naturellement vers l’Allemagne, qu’il a souvent visitée et où il a fait de fructueux séjours. L’ombre du vieux chêne teutonique a flotté plus d’une fois sur son front avec des murmures confidentiels ; il s’est promené sous les tilleuls à la feuille découpée en cœur ; il a salué au bord des fontaines l’elfe dont la robe blanche traîne un ourlet mouillé parmi l’herbe verte ; il a vu tourner les corbeaux