Page:Gautier - Poésies de Th. Gautier qui ne figureront pas dans ses œuvres.djvu/42

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Mais nos peintres tondant leurs toiles
Comme des marbres de Paros,
Fauchent sur les beaux corps sans voiles
Le gazon où s’assied Eros.


Pourtant jamais beauté chrétienne
N’a fait à son trésor caché
Une visite athénienne,
La lampe en main, comme Psyché.

 
Au soleil tirant sans vergogne
Le drap de la blonde qui dort,
Comme Philippe de Bourgogne
Vous trouveriez la toison d’or ;

 
Et la brune est toujours certaine
D’amener au bout de son doigt,
Pour le diable de La Fontaine,
Le cheveu que rien ne rend droit.


Aussi j’aime tes courtisanes
Et tes nymphes, ô Titien,
Roi des tons chauds et diaphanes,
Soleil du ciel vénitien !


Sous une courtine pourprée,
Elles étalent bravement,
Dans sa pâleur mate et dorée,
Un corps superbe où rien ne ment  ;


Une touffe d’ombre soyeuse
Veloute sur leur flanc poli
Cette envergure harmonieuse
Que trace l’âme avec son pli ;