Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en relief. Ce sont des noms inusités, des configurations de syllabes singulières, n’appartenant à aucun idiome connu, — des épitaphes en basque, une langue que, selon les savants, Adam parlait en paradis ; à des dates toutes récentes, 1852, 1854, vous vous apercevez que ces monuments d’une rudesse si primitive, d’une apparence si antédiluvienne, ont été élevés hier. — Sans doute ce peuple à part, que nous appelons Basque, et qui se nomme lui-même Escualvanac, est fidèle à ses vieilles formes tumulaires comme à sa langue antique, dont nul ne connaît l’origine.

Des tribunes à claire-voie en charpente et un retable doré à la mode espagnole donnent à l’intérieur de l’église d’Urrugne une physionomie exotique. On comprend que l’on approche des frontières.

Saint-Jean-de-Luz, avec ses façades dont les volets, les poutres, les chevrons se détachent en rouge d’un fond de blancheur, ne ressemble à aucune autre ville. Là encore, nous entrâmes dans l’église, où l’ardente et sombre dévotion espagnole se fait déjà sentir. Comme à Urrugne, plusieurs étages de tribunes en bois régnent autour de la nef, et les retables des chapelles, ornés de colonnes salomoniques, sont richement dorés. À l’une d’elles on disait une messe de