Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/130

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les cérémonies ne sont pas toutes visibles pour les fidèles comme celles de la messe.

Ce retable est toujours d’une grande richesse. Celui de la chapelle d’Élisabetha Michaëlovina ne peut guère être dépassé en somptuosité. Figurez-vous la façade d’un palais d’or sculptée, fouillée, découpée ; le bijou élevé aux proportions de l’édifice ; dans les compartiments que dessinent les divisions de l’architecture et les baies des portes, se découpent, sur des fonds d’or, la Vierge, les anges, les apôtres, peints d’un pinceau trop délicat peut-être ; nous aurions préféré les effigies archaïques comme les enluminent encore les moines du mont Athos sur les vieux patrons byzantins. Mais cette imagerie farouche et barbare contrarierait sans doute l’effet clair, suave et tendre du monument, et l’on a bien fait, après tout, d’adoucir un peu le caractère de ces icones.

Le tombeau proprement dit se trouve dans une chapelle latérale, ou plutôt une espèce de sanctuaire, où l’on a évité avec un soin que nous approuvons tout emblème mortuaire, tout symbole répugnant.

Une statue de femme en marbre blanc est couchée sur une tombe taillée en forme de lit : elle semble dormir ou plutôt se reposer les yeux mi-fermés, comme