Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/156

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bourgeois somnolents qui se mettent aux fenêtres, à demi éveillés par le cor d’un paladin. Ces seize peintures, dont nous ne connaissons pas l’auteur, formeraient, gravées au trait et soutenues de quelques ombres légères, un charmant album dans le goût des illustrations de Retzsch sur Gœthe et sur Schiller.

Mais en voilà assez sur les peintures de la Trinkhalle, allons faire une visite aux boutiques de bimbeloteries installées sous les grands arbres, à côté de la pelouse.

Bon ! nous voici tombé sur un magasin de coucous du Tyrol et de la forêt Noire. Debout sur une patte, comme un héron au bord d’un marais, nous attendons l’heure pour que le petit volet s’ouvre, et que l’oiseau vienne faire sa salutation en chantant « Coucou ! » Car ces primitives horloges ne volent pas leur nom comme les nôtres, dont le cadran représente un coq peint en rouge et muet. Le coucou badois pousse consciencieusement ses deux notes chaque fois que l’aiguille touche un chiffre. Honnête coucou !

Ces petites maisonnettes de bois, où loge l’heure rustique, sont si délicatement découpées et d’une si jolie architecture, qu’on voudrait être Lilliputien pour s’en faire un palais. — Nous avons vu avec peine dans le coucou un perfectionnement qui nous semble une déca-