Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/158

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les pays du monde, qui ont là de fashionables représentants.

Vous croyez peut-être que la Comédie-Française a émigré au théâtre Ventadour pendant qu’on restaure sa vieille salle ; erreur ! elle est à Baden. Voici Bressant qui passe, coiffé d’un panama ; et, sous ce chapeau à la Pamela bordé de dentelle noire, brille le fin sourire de mademoiselle Fix. N’est-ce pas mademoiselle Mantelli qui est assise à côté de sa mère, sous la colonnade du Kursaal ? En effet, il y a comédie à Baden ; les Campagnes du marquis d’O, de M. Amédée Achard, seront exécutées ce soir à la maison de Conversation, par un groupe d’artistes aimés de leurs compatriotes, et non moins appréciés par le parterre cosmopolite de Baden.

Le Kursaal renferme des salons Louis XIV, d’un style admirable ; on sait ce que peut faire en ce genre M. Séchan, qui envoie au sultan Abdul-Medjid des Versailles tout faits emballés dans des caisses. Au plafond d’une de ces salles, éblouissantes de dorures nous avons remarqué quatre grands panneaux représentant les quatre parties du monde, peintes par M. Laemlein, l’auteur de la Vision d’Ézéchiel, avec une fierté et une tournure à la Michel-Ange.

À côté de cette salle est le théâtre, tout doré, tout