Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/184

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froid des pays chauds est particulièrement désagréable par la soudaineté du contraste.

Ce n’est pas dans le but d’élever un monument à notre onglée et à notre claquement de dents que nous consignons ici cette remarque. Il importe peu à l’univers que nous ayons eu chaud ou froid sur l’impériale d’une diligence ; mais cette observation pourra empêcher quelque Parisien naïf et confiant de partir de Tortoni pour Florence au mois d’août, en pantalon de nankin et en veste de chasse de coutil, et lui faire joindre à son bagage un plaid-tartan, un paletot de drap-pilote et un cache-nez ; nous préviendrons ainsi quelques rhumes de cerveau et de poitrine. La description de nos souffrances n’est donc pas personnelle ; elle est toute philanthropique.

La violence du vent est d’une telle force sur ces montagnes découronnées et pelées, qui reçoivent alternativement les souffles des brises refroidies sur la Méditerranée et l’Adriatique, que le grand-duc a fait, au point culminant de la route, élever un mur de pierre pour protéger les voyageurs contre ces rafales glacées qui les transiraient et les renverseraient. — Ceux qui ont vu le mistral à l’ouvrage sur la plate-forme du château des papes d’Avignon comprendront l’utilité d’une sem-