Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/251

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celle de laisser le train filer vers Vitoria et de nous arrêter à Villaréal, où il nous donnerait une hospitalité non pas écossaise, mais toute française, dans la maison qu’il habitait avec deux autres ingénieurs.

Nous acceptâmes cordialement ce qui était cordialement offert. La couchée à Vitoria était assez problématique ; nous connaissions de longue main les ressources de la ville, et le nombre des dormeurs était visiblement plus grand que celui des lits dont pouvaient disposer, même en les dédoublant, les fondas, posadas et paradores de l’endroit. Bien que nous ne soyons pas de ces voyageurs qui se lamentent à propos d’un mauvais repas, nous ne dédaignons pas, quand elle se présente naturellement, la perspective d’un bon souper, et cela nous souriait fort de ne pas nous trouver confondu parmi la troupe des touristes faméliques.

À la station de Villaréal nous attendait une calèche attelée de deux mules endiablées, qui partirent d’un élan si brusque, qu’elles faillirent nous jeter au-fond d’un ravin, et que ce ne fut pas sans quelque appréhension que nous les vîmes franchir au triple galop un pont dénué de garde-fous. En quelques minutes de ce train, nous atteignîmes la maison où nous devions passer la nuit ; elle avait fort belle apparence aux rayons de