Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/253

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accomplir cette entreprise herculéenne. La montagne, attaquée à la fois dans tous les sens, n’avait pu résister plus longtemps ; les remblais s’élevaient, les viaducs enjambaient les vallées, les tunnels se perçaient, les rocs volaient en éclats sous les efforts de la mine, le ballast se posait, les rail-ways s’ajoutaient bout à bout. Dans ces solitudes presque inaccessibles fourmillait une armée de douze mille travailleurs de toutes nations, qu’il fallait nourrir, abreuver, loger, pourvoir des nécessités de la vie, et qui, bien que sobres pour la plupart, ne se contentaient pas des oignons dont se payaient les ouvriers des pyramides d’Égypte.

Tout ce monde s’abritait sous des tentes, dans des baraques formant des camps pacifiques, et l’ordre y était maintenu par des chefs choisis entre les plus braves et les plus populaires des travailleurs.

Le lendemain même, les ingénieurs allaient quitter cette maison où ils avaient passé deux ans, pour aller s’installer de nouveau dans quelque contrée lointaine et recommencer un miracle analogue. Ils étaient jeunes tous trois, et poseront encore bien des kilomètres de chemins de fer.

Une course de taureaux devait avoir lieu le jour suivant à Vitoria. Nos hôtes, usant des magies de la science,