Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/313

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méthystes et de rubis en nombre immense et d’une valeur de plusieurs millions.

Devant cette Notre-Dame ainsi parée se tenait à genoux, dans une immobilité parfaite, un mendiant de l’aspect le plus étrange et le plus farouche. Il avait une courte barbe noire, de longs cheveux rejetés en arrière, un teint cuivré et de grands yeux fixes, démesurément ouverts sur quelque vision céleste, et dont les paupières ne palpitaient jamais. Ses mains croisées reposaient sur un bâton de berger recourbé en pedum. Un haillon bleu indescriptible, des grègues de toile, des chiffons retenus autour des jambes par des cordelettes composaient son costume. Il était sublime. La foi, l’adoration, l’extase, faisaient visiblement rayonner sa face et nous n’aurions nullement été surpris de le voir s’enlever au-dessus du sol comme sainte Madeleine dans sa grotte par la seule force de la prière.

Santa-Maria-la-Blanca, el Taller-del-Moro, qu’on ne devinerait pas derrière les murs de pisé qui les cachent, sont d’anciennes synagogues qui vous transportent en Orient par leurs piliers aux chapiteaux évasés, leurs arcs en fer à cheval, leurs murailles blanchies à la chaux et leurs toits plats. Nous les visitâmes à la hâte. L’heure du chemin de fer approchait, et nous eûmes à