Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/350

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Une poésie aussi naïvement sauvage au milieu de cet affreux bacchanal de clarinettes, de grosse caisse, de fifres et de vociférations de toute espèce, dans cette atmosphère de friture, de vin bleu et de grosse joie, nous surprit le plus agréablement du monde ; car, assurément, nous ne nous attendions guère à trouver, derrière la baraque du lapin intrépide le modèle du tableau de Scheffer et la réalisation d’un rêve de Gœthe.

Voilà ce que nous avons vu de plus remarquable dans toute cette journée de fête.

Le soir, nous l’avouons à notre honte, imitant les portiers dont on a plaisanté si agréablement, nous avons monté sur le toit de notre maison pour voir un feu d’artifice.

Il est vrai que le toit de notre maison est une très-belle terrasse à l’italienne, avec un belvédère vitré de carreaux de couleur bleus et rouges, qui vous font passer du clair de lune au coucher du soleil, selon que vous regardez à droite ou à gauche.

Mais, le toit n’eût-il été praticable que pour les chats en amour, nous y aurions grimpe avec le même stoïcisme ; car il n’y a rien de plus beau au monde que Paris illuminé et vu de haut.