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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/352

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Martinn seul pourrait rêver quelque chose de plus gigantesque et de plus babylonien.

La nuit complaisante prête à Paris la beauté qu’il n’a pas : ce sont des perspectives infinies, des entassements énormes ; c’est grand comme la mer, et la sourde rumeur du vent ajoute encore à l’illusion.

Ce feu d’artifice, un des plus longs que l’on ait vus, était très-beau et très-brillant. — Il n’y a rien de plus joli que ces boules bleues, blanches et rouges, qui montent et descendent comme des boules de jongleur ou des globes de savon.

Après plusieurs faux bouquets, le véritable bouquet a ouvert dans le ciel son immense queue de paon étoilée d’argent et d’or, et tout s’est éteint dans un nuage couleur d’agate.

Pour continuer notre vagabondage, sauvons-nous au plus vite à Versailles par le chemin de fer, dussions-nous être envoyé dans la lune à cheval sur un morceau de chaudière éclatée, dût le convoi, qui nous emporte devenir un convoi funèbre ; au reste, comme l’expérience en a été faite déjà par beaucoup d’autres, nous pouvons nous y risquer.

Aussi bien le cheval de fer est attelé, la roue a mordu l’inflexible rainure ; Paris est déjà loin ; ce ne sont que