Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ques-unes de nos observations. Elles serviront à marquer la différence des temps anciens aux temps nouveaux.

Figurez-vous une galerie colossale divisée en deux compartiments et garnie de tables en retour d’équerre. L’office et la cuisine occupaient l’un des bouts. Comme dans tout ce qui est trop grand, l’homme n’était plus proportionné à la chose. Il aurait fallu un railway avec un petit wagon pour faire glisser les mets du point de départ aux extrémités ; des relais de garçons se transmettaient les plats, les assiettes, les couteaux et les cent ustensiles du service. Malgré la précaution de buffets placés de distance en distance et la division par escouades, les malheureux serviteurs se trouvaient, à la fin de chaque repas, avoir fait plusieurs lieues.

Ces agapes démesurées seront communes dans l’avenir. Londres en corps viendra dîner chez Paris, et réciproquement. Des machines découperont ; des tenders chargés de bouteilles parcourront la table sur des rails d’argent ; des pompes à chapelet monteront le potage à la bisque ou le turtle-soup de la marmite à la soupière ; on aura des porte-voix pour les toasts et des cordons acoustiques pour les conversations particulières entre convives placés souvent à un kilomètre de