Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/99

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À ce compte rendu technique de la première course, ajoutez l’effet pittoresque des costumes si lestes et si pimpants des chulos et des banderilleros, la richesse massive des picadores, dont les vestes sont presque des cuirasses d’argent et d’or, la variété des groupes, les rayons de lumière, l’animation tumultueuse du public, l’éclat des toilettes espagnoles et françaises, et vous aurez un spectacle d’une originalité extrême, que les amateurs de la couleur locale étaient obligés jusqu’ici d’aller chercher en Espagne.

Quelques chevaux furent blessés, mais aucun ne resta sur la place. Les picadores, pour ménager les susceptibilités d’un public en partie novice, tenaient la lance longue malgré les cris : Mas corta la vara, poussés par les aficionados exaltés. Un chulo poursuivi lit une chute ; mais, en rampant à la manière d’un Indien, il se mit bientôt hors de portée du taureau et échappa au coup de corne qui le menaçait.

La seconde course a eu lieu le lendemain. Nous passerons légèrement sur les exploits de Borracho et de Gavilan, qui se comportèrent pourtant assez bien, pour arriver tout de suite à Capitan, un taureau borgne très-farouche et très-dangereux, piqué à dix reprises, et qui avait conservé toute sa vigueur après tant d’at-