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le crépuscule des dieux

sant. Hagen ourdit déjà la perte de Siegfried, lorsque celui-ci franchit le seuil avec son impétuosité joyeuse, criant à Gonther :

— Lutte avec moi, ou soyons amis !

Le chef l’accueille amicalement, et Gutrune, sur le conseil de Hagen, lui verse une boisson funeste qui doit troubler son esprit, au point d’en effacer tout souvenir.

Les yeux séduisants de la jeune fille achèvent de l’enivrer, et bientôt il oublie Brunhilde et son amour ; sa nouvelle passion a tout anéanti ; il demande à son hôte sa sœur en mariage.

— Accorde-la lui, souffle Hagen à Gonther, à la condition qu’il aille conquérir pour toi la femme merveilleuse, endormie au milieu des flammes.

Le nom de Brunhilde n’éveille plus rien dans l’âme de Siegfried ; il ne se souvient plus. Certes, il ira sans tarder conquérir cette fiancée pour son frère d’armes, et il part sans plus attendre, impatient du retour.

Bientôt la déesse déchue est amenée à Gon-