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acte premier

nemanz prend sa défense et réprimande les jeunes gens, leur rappelant les services qu’elle ne cesse de leur rendre.

— Pourtant elle nous hait, dit l’un d’eux. Vois comme elle ricane en nous regardant.

— C’est une païenne, une sorcière.

— Oui, dit Gurnemanz, elle pourrait bien être une damnée. Peut-être vit-elle maintenant réincarnée pour expier les fautes d’une vie antérieure, fautes qui ne lui sont pas encore pardonnées là-haut ? Si son repentir la porte à des actes profitables à notre ordre, assurément elle fait le bien, elle nous sert et se rachète.

— Si vraiment elle est fidèle et intrépide, dit un des écuyers, envoie-la reconquérir la lance perdue.

— Cette œuvre autre est interdite à tous, s’écrie Gurnemanz. Ô source de blessures ! Ô source de miracles ! Lance sacrée ! Je te vis brandie par la main la plus sacrilège. Trop audacieux Amfortas, qui donc aurait pu te retenir, lorsque armé de cette lance, tu résolus