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de rienzi

la vision du roi Titurel, lorsque les anges lui apportèrent le Saint-Graal, ne peut oublier cette page admirable et l’impression extraordinaire qu’elle produit.

Tout d’abord un frémissement imperceptible s’empare des sons les plus aigus des flûtes et des violons ; on croirait entendre vibrer l’Éther irrespirable des cieux supérieurs ; des palpitations d’ailes invisibles agitent l’air léger, des voix d’anges semblent chuchoter dans la transparence de l’espace, et voilà qu’une lueur, comme un astre lointain, apparaît au plus haut des cieux ; des chœurs de séraphins l’accompagnent en chantant un cantique d’amour ; l’air s’agite, la lueur approche et grandit, les voix s’enflent, et, bientôt, dans une irradiation de trompettes, la vision lumineuse resplendit dans toute sa gloire ; la coupe incomparable, taillée dans une pierre qui tomba, dit-on, de la couronne de Lucifer lorsqu’il fut précipité du ciel, et qu’emplit maintenant le sang du Sauveur, est confiée aux mains pures d’un saint chevalier ;