Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/142

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quelque pacha. Quand l’évolution de la danse me ramena devant, vous étiez encore là, parlant avec animation à ce Turc d’une placidité orientale, et vous ne daigniez pas jeter un coup d’œil sur les jolies figures qui passaient devant vous, rosées par la danse, dans un papillotement de lumière.

Je ne perdis cependant pas tout espoir, et, pour le moment, je me contentai de la satisfaction de savoir que vous étiez là. D’ailleurs la soirée n’était pas finie, et quelque heureux hasard pouvait nous rapprocher. Mon danseur me reconduisit à ma place, et de nouveau les hommes se remirent à circuler dans l’espace circonscrit par les banquettes. Vous fîtes quelques pas avec votre Turc parmi cette foule mouvante, regardant les femmes et les toilettes, mais du même œil dont vous auriez considéré des tableaux et des statues. De temps à autre vous communiquiez vos réflexions à votre ami le pacha, qui souriait gravement dans sa barbe. Je voyais tout cela à travers les branches de mon éventail, que je refermai, je l’avoue, lorsque vous approchâtes de l’endroit où nous étions assises. Le cœur me battait violemment, et je me sentais rosir jusqu’aux épaules. Il était impossible, cette fois, que j’échappasse à votre examen, car vous rasiez les banquettes d’aussi près que le permettait la frange étincelante de gazes, de dentelles, de volants qui débordait sur le chemin ; mais le malheur voulut