Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/232

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Sur les marches du temple, entre les deux colonnes derrière lesquelles s’ouvre la porte du pronaos, Spirite se tenait debout dans cette pure clarté grecque si peu favorable aux apparitions, au seuil même de ce Parthénon si clair, si parfait, si lumineusement beau. Une longue robe blanche, sculptée à petits plis comme les tuniques des canéphores, descendait de ses épaules jusque sur le bout de ses petits pieds nus. Une couronne de violettes, — de ces violettes dont Aristophane célèbre la fraîcheur dans une de ses parabases, — ceignait ses cheveux d’or aux bandeaux ondés. Costumée ainsi, Spirite ressemblait à une vierge des Panathénées descendue de sa frise. Mais dans ses yeux de pervenche brillait une lueur attendrie qu’on ne voit pas aux yeux de marbre blanc. À cette radieuse beauté plastique, elle ajoutait la beauté de l’âme.

Malivert monta les degrés et s’approcha de Spirite, qui tendit la main vers lui. Alors, dans un éblouissement rapide, il vit le Parthénon comme il était aux jours de sa splendeur. Les colonnes tombées avaient repris leur place ; les figures du fronton arrachées par lord Elgin, ou brisées par les bombes vénitiennes, s’étaient groupées sur les frontons, pures, intactes, dans leurs attitudes humainement divines. Par la porte de la cella, Malivert entrevit, remontée sur son piédestal, la statue d’or et d’ivoire de Phidias, la céleste, la