Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/47

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avait le tort de laisser exécuter sur elle quelques-uns de ces costumes impossibles que portent seules les poupées à bouche en cœur et à joues roses des gravures de modes.

Contre son habitude, Mme d’Ymbercourt avait l’air sérieux ; un nuage de contrariété obscurcissait son front ordinairement serein et les coins de ses lèvres s’étaient légèrement abaissés. Une de ses bonnes amies venait de la quitter et lui avait demandé, avec la feinte bonhomie des femmes en pareille occasion, à quelle époque était fixé son mariage avec Guy de Malivert. La comtesse avait rougi, balbutié, et répondu vaguement qu’il aurait lieu bientôt ; car Guy, que le monde lui donnait pour époux, ne lui avait jamais demandé sa main ni même fait de déclaration formelle, ce que Mme d’Ymbercourt attribuait à une timidité respectueuse, et aussi peut-être à ce sentiment d’incertitude que tout jeune homme éprouve au moment d’abandonner la libre vie de garçon. Mais elle croyait fermement qu’il se prononcerait un jour ou l’autre, et déjà elle se regardait si bien comme sa femme qu’elle avait arrangé dans sa tête les dispositions particulières que nécessiterait à l’hôtel la présence d’un époux. « Voici la chambre, le cabinet d’étude, le fumoir de Guy, » s’était-elle dit plus d’une fois en mesurant de l’œil certaines pièces de ses appartements.

Quoiqu’elle ne lui plût guère, Guy ne pouvait