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268 TABLEAUX À LA PLUME.

qu’autrefois, dans le sens strict qu’on attachait jadis à ce mot ; mais cela tient à l’extension toute moderne en France de la peinture murale. Les palais, les monuments publics, les églises ont été décorés sur place d’œuvres importantes, rarement visitées, mais qui montrent chez les artistes chargés de ces travaux de sérieuses aptitudes pour la grande peinture. Malheureusement, des voûtes, des coupoles, des hémicycles, des pans de muraille de plusieurs mètres ne peuvent être apportés au Salon. La notice des travaux exécutés dans les monuments publics depuis la dernière Exposition, tant en peinture qu’en sculpture, qui termine le livret, ne produit qu’une faible et vague impression sur l’esprit des visiteurs. Lorsqu’il s’agit d’art, il faut voir les objets mêmes pour en être frappé, et le précepte d’Horace est encore plus vrai au Salon qu’au théâtre.

En outre, les formes de la vie ont changé. La civilisation, concentrant d’énormes multitudes sur le même point, a nécessairement diminué l’espace réservé à chacun. L’hôtel s’est métamorphosé en niche et l’appartement en alvéole. La loi sur les héritages ne permet guère de conserver, au delà d’un certain nombre d’années, la maison que de père en fils habitaient nos aïeux. Le foyer paternel n’existe que pour une génération à peine, et, encore, grâce à la fréquence des déménagements, bien peu de gens meurent où ils sont nés. Or, personne, en eût-il la