Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/116

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et leurs iris nacrés ; les homards jaspés de jaune et de brun agitaient l’attirail formidable de leurs pinces, et les tortues prenaient leurs gauches ébats au bord de la vasque encadrée de mousse, où, sous le grésillement d’un mince filet d’eau, nageaient des cyprins de la Chine. Plus loin, les fines poulardes du Mans, les dindes d’une grosseur exceptionnelle, bombaient leurs estomacs distendus et marbrés de bleu par les truffes transparaissant sous leur peau délicate. Les coqs de bruyère, les faisans dans leur plumage mordoré, les ptarmigans d’Écosse, les gelinottes de Russie, les perdrix aux mignonnes bottines de maroquin rose, semblaient poser à souhait pour le plaisir des peintres autant que des gourmets.

Nous négligerons les pâtés de foie gras, les terrines de Nérac, les pâtés de merles de Corse, les brochettes d’ortolans et autres galanteries, comme on dit à Hambourg, mais comment ne pas donner un souvenir à ces raisins de Thomery, blonds comme l’ambre, à ces pêches de Montreuil, qui n’étaient pas de ces pêches à quinze sols méprisées par Alexandre Dumas fils, mais bien des pêches vierges ayant toute leur fleur et tout leur velouté ; à ces grenades dont