Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/129

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Précisément, le livre s’ouvrit à la tragédie des Sept contre Thèbes, comme si du fond des siècles Eschyle voulût faire allusion aux événements du jour.

Aristophane, l’impitoyable moqueur, professait pour Eschyle l’admiration la plus profonde, admiration qui le rendait injuste à l’endroit d’Euripide, dont il dépréciait outre mesure le mérite, le regardant comme un corrupteur du goût et des mœurs, qu’il efféminait par la peinture trop vive des passions et la recherche outrée du pathétique. Dans les Grenouilles, il donne la palme tragique au vieil Eschyle. Euripide demande à son heureux rival : « Et comment faisais-tu donc des héros ? – Avec une tragédie toute remplie de l’esprit de Mars. – Laquelle ? – Les Sept contre Thèbes. » Tous les spectateurs en sortaient avec la fureur de la guerre.

Rien ne ressemble moins à une pièce selon les idées modernes que cette tragédie du soldat de Salamine, de Marathon et de Platées ; c’est plutôt un fragment épique dramatisé, quelque chose comme un oratorio mêlé de récitatifs et de chœurs. Ainsi que le fait remarquer M. Alexis Pierron, le traducteur de ce grand génie abrupt