Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/218

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préoccupé lui-même de toute autre chose. C’est ainsi qu’on a vu de Gustave Doré, que n’absorbaient pas, cette année, ces beaux livres à couverture dorée qu’il enrichit de sa verve inépuisable, de grandes compositions épiques, reproduites en photographie, dans lesquelles l’artiste, mêlant l’allégorie à la réalité, représentait l’invasion, l’appel aux armes, la résistance et autres sujets de cette nature.

Mais ce serait mal connaître Doré que de croire qu’il se soit borné là. Il a une fécondité d’imagination servie par une facilité de main prodigieuse qui le pousse sans cesse à des séries d’œuvres nouvelles. Quoiqu’il ait ses heures de paresse rêveuse ou contemplative, le repos prolongé serait pour lui la plus grande fatigue. Aussi, nous nous doutions bien que dans les intervalles d’une garde à l’autre, il devait avoir produit à lui tout seul de quoi meubler toute une exposition. Profitant du privilège d’indiscrétion que nous accorde une amitié déjà ancienne, — Doré a débuté si jeune ! — nous avons pénétré dans l’atelier fermé de l’artiste, maintenant en Angleterre, où l’accueillent les plus hautes sympathies, et nous avons vu que nous ne nous étions pas trompé.