Aller au contenu

Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/226

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chaque voiture, elle recommence infatigablement sa revue.

Ce n’est pas seulement le côté épisodique et pittoresque du siége que Gustave Doré s’est plu à reproduire. Il a dessiné les travaux de la défense, l’installation des forts, l’armement des bastions, de façon à satisfaire les ingénieurs et les peintres. L’histoire pourrait aller puiser des renseignements dans ses cartons en grisailles, à la fois si exacts et si colorés, qui ont la précision d’un plan géométrique et l’effet grandiose d’une gravure noire à la manière de Martyn. Par cette série d’études, de croquis et de compositions, à une époque où la pensée semblait arrêtée sous le coup d’une préoccupation unique, Gustave Doré a prouvé que l’art était incompressible et qu’aucune force n’était capable d’en restreindre l’expansion ; sous les écroulements des édifices et des institutions, entre les blocs de pierre écornés par les boulets et noircis par le feu, une plante toujours verte apparaît la première, ouvrant sa fleur éclatante : c’est l’Art, immortel comme la Nature.