Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/259

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

jolis hasards d’ombre et de clair. Des paillettes de soleil scintillaient çà et là, à travers le fourré et sur les pointes des herbes. Les oiseaux chantaient et l’imperturbable sérénité de la nature ne se troublait pas pour quelques coups de canon lointains. Malgré les querelles et les fureurs des hommes, le printemps continuait paisiblement son ouvrage. Les éternelles fonctions s’accomplissaient en silence. Et nous restions là dans une contemplation rêveuse et pleine d’oubli, quand la phrase : « Sur trois marches de marbre rose, » qui ne s’était pas fait entendre depuis longtemps, se mit à murmurer tout bas à notre oreille intérieure avec un ton de reproche amical.

Abandonnant la grotte d’Apollon, nous longeâmes la rangée d’ifs taillés en boule, en pyramides et autres formes bizarres, ne jetant qu’un regard distrait aux quatre saisons, aux quatre parties du monde, passant moins vite devant la jolie Diane chasseresse, debout à l’angle du bassin des lions, et nous arrivâmes sur la grande terrasse.

A mesure que nous approchions la mémoire nous revenait et il nous semblait entendre la voix