Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/26

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obus et les bombes à pétrole, si ces engins de destruction arrivent jusqu’à nous. De nombreux spectateurs, accoudés au parapet du quai et au garde-fou du pont, regardaient ses manœuvres avec un intérêt aisé à comprendre.

Le jeu des pompes ne distrayait pas les tambours et les clairons qui s’exerçaient dans le jardin des bains Vigier, dont les massifs d’arbres, verdoyants encore, rompent si agréablement les lignes architecturales des Tuileries. Leur bruit martial rappelait aux idées guerrières l’imagination, que la sereine beauté du spectacle eût pu emmener loin de la sévère réalité.

En face des bains Vigier, derrière une buanderie, au bas de la muraille du quai, est installée une baraque que surmonte toujours un panache de fumée, et dont le sapin neuf attire le regard : c’est une prise d’eau directe dans la Seine pour alimenter les quartiers de la rive gauche au cas où l’ennemi couperait le canal de l’Ourcq. Vous voyez qu’on a pensé à tout.

Près du pont Royal, vis-à-vis le café d’Orsay, la frégate-école transformée en établissement hydrothérapique, avec ses hauts mâts, ses agrès et ses vergues, auxquelles sont suspendues des bou-