Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/333

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rapide qu’il apportait à ce qu’il faisait, comme s’il eût eu le pressentiment de sa mort prochaine, et usé du temps en homme à qui le temps allait manquer.

La grille était arrachée, tordue, et sur les premières marches on voyait rouler, en rebondissant, une cascatelle de pierrailles tombée des étages supérieurs. Au bas de l’escalier, dans la partie la plus obscure, l’artiste avait peint en grisaille, d’un ton clair, et d’un relief adouci, à gauche une sorte de Pensierosa, penchant son front rêveur sur un livre ouvert devant elle ; à droite, des guerriers et des chevaux. L’une symbolisait l’Idée ; les autres représentaient l’Action. Ces peintures, pareilles à ces pages blanches, ornées seulement d’un fleuron ou d’un titre qui précèdent les poëmes, n’ont été ni déchirées ni brûlées ; elles subsistent dans leur pâleur voulue, toujours visibles, à travers l’ombre, comme les fantômes blancs qui hantent une ruine.

En remontant aussi haut que possible le torrent des décombres, nous découvrîmes cette grande composition de la Paix, d’un si beau style et d’une si magistrale exécution, qui oc-