Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/356

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du Louvre durent éprouver les plus vives inquiétudes. Après avoir évité les boulets prussiens et autres, la Vénus allait-elle se consumer sur l’immense bûcher, ne laissant d’elle que quelques pincées de chaux, cendres de sa chair marmoréenne ?

Dès que l’armée victorieuse eut reconquis la capitale et rendu Paris à la France, on courut à la préfecture de police, avec quelles anxiétés et quelles appréhensions, il n’est pas besoin de le dire, on le conçoit aisément. Les écroulements de décombres fumants encore furent écartés, et sous l’effondrement de l’édifice, on retrouva la boîte de chêne intacte. La rupture d’une conduite d’eau l’avait miraculeusement préservée. On pouvait appliquer à notre Vénus la fière devise inscrite sur la façade de la maison du chevalier, à Heidelberg : Præstat invicta Venus.

On rapporta au Louvre le cercueil de la déesse, et ce fut un moment de solennelle émotion lorsque, le couvercle enlevé devant une commission nommée pour dresser le procès-verbal, la Vénus reparut. Chacun se pencha avidement pour la contempler. Elle souriait toujours, mollement couchée, ce qui la présentait sous un aspect nou-