Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/36

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et des peuples, se plaisent à l’écroulement de ces prospérités trompeuses, et de leurs maigres mains les poussent à la ruine ; mais le malheur retrempe les cœurs généreux, et nous sortirons victorieux de la lutte.

Sur le versant du Trocadéro qu’escalade une large rampe, qui fait penser à l’escalier des propylées d’Athènes, mais qui ne conduit pas, malheureusement, au divin portique de Mnésiclès, stationnent des multitudes de curieux tâchant à grand renfort de longues-vues et de lorgnettes de découvrir si le soleil ne fait pas briller à l’horizon quelque casque ou quelque fusil de Prussien. Car c’est là la curiosité qui tient toutes les poitrines haletantes : apercevoir au moins cet ennemi invisible, nous étreignant dans un cercle mystérieux.

La manufacture des phares porte au sommet de sa tour un sémaphore, dont les drapeaux en ce moment transmettaient un signal. Que peuvent dire ces morceaux d’étoffe de couleurs diverses qui montent et qui descendent ? L’ennemi s’approche-t-il ? faut-il courir au rempart ? Le secret de ce langage échappe, nous l’espérons du moins, aux espions de Bismark.