Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/41

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Seuls des pelotons de mobiles se dirigeant vers le poste désigné, des escouades de gardes nationaux allant à l’exercice ou au rempart animaient la solitude matinale ; de loin en loin quelque boutique entr’ouvrait un volet comme une paupière alourdie. De rares passants commençaient à raser les murs de ce pas inquiet et furtif qui semble effrayé de son écho. L’impression ressentie était étrange et indéfinissable ; on se serait cru dans une de ces villes des Mille et une Nuits, où la vie est arrêtée par les maléfices de quelque puissant enchanteur. Mais on trouvera bientôt la formule qui rompt le charme et la brillante circulation sera rétablie.

Si, dans nos voyages sur la Seine, nous avons joui des dernières magnificences de l’été, toutes les mélancolies de l’automne accompagnaient notre excursion à la place Saint-Pierre-Montmartre.

En gravissant les pentes assez roides des rues bâties sur les contre-forts de la butte, nous arrivâmes enfin a la place où s’est établi le camp des aéronautes, et comme à l’aide de notre lorgnette nous cherchions l’ami qui devait nous introduire dans l’enceinte, nous nous trouvâmes subite-