Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/53

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fuir l’ennemi, le brouet spartiate du siége et l’éventualité des bombes, mais pour franchir la limite, être libre un instant et passer au-dessus des lignes prussiennes.

Cédant à ce désir bien naturel, favorisé, d’ailleurs, par une magnifique journée d’automne, nous descendons avec un ami à l’embarcadère du pont Royal. Au bout de quelques minutes, le bateau-mouche arrive, fendant gracieusement l’eau de sa proue et couronné de son panache de fumée blanche, et nous voilà installé sur le pont, dans un coin, à l’abri du vent, assez frais malgré l’éclat du soleil. Nous avons déjà fait accomplir à nos lecteurs cette petite excursion nautique, la plus longue qui nous soit permise aujourd’hui, et nous débarquerons tout de suite près du pont Napoléon, où s’arrête maintenant le léger pyroscaphe.

Ce pont, d’une élégante hardiesse, donne passage à un chemin de fer et à une route : le chemin de fer de ceinture et la route militaire. Depuis quelques jours, une seconde voie ferrée, destinée au service du rempart, est venue allonger ses rails sur le chemin même ; puissant auxiliaire pour la défense ; c’est une véritable