Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/75

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de la température, cet éternel souci du philistin. Nous voilà donc parti par un temps « à ne pas mettre un poëte à la porte. »

On rétrograde d’abord jusqu’à Courcelles, où la voie d’Auteuil se raccorde avec le chemin de fer de ceinture. Cette portion du chemin n’est pas moins curieuse que la première. On contourne intérieurement le rempart qui offre l’animation la plus pittoresque. Les casemates, les postes blindés, les abris formés de planches épaisses soutenues par des pieux, les rangées de tonneaux remplis d’eau ou de sable, les haies de fascines, les sacs de terre rangés sur le parapet pour protéger les sentinelles, les défenses de toutes sortes se multiplient à l’infini ; les murailles des jardins et des enclos sont crénelées, percées de meurtrières. Des palissades hérissent l’abord des stations ; des barricades construites en pavés, en madriers, en troncs d’arbre, offrent partout des obstacles. Des chemins creux les rattachent l’une à l’autre lorsqu’il faut traverser un terrain découvert.

Tout ce que peut imaginer le génie de la défense désespérée est accumulé là. Nous ne savons pas si nous sortirons de Paris, mais, à coup