Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/85

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guère que pour la veuve d’Hector et la mère d’Astyanax. On ne croit pas qu’elle doive aimer ni un autre mari ni un autre fils, et je doute que les larmes d’Andromaque eussent fait sur l’esprit de mes spectateurs l’impression qu’elles y ont faite, si elles avaient coulé pour un autre fils que celui qu’elle avait d’Hector. »

Ces lignes pleines de finesse et de sentiment sont de Racine, et montrent que l’illustre poëte contenait un critique plein de tact. Il y a dans le public une sorte d’amant jaloux qui ne permet aucune infidélité aux figures idéales qu’on lui présente. La veuve d’Hector, partageant la couche de Pyrrhus, comme c’était son devoir de captive, n’eût excité aucun intérêt.

Mademoiselle Agar a la beauté tragique et la violence passionnée d’Hermione. Prudhon est un Pyrrhus suffisamment amoureux et farouche, et Maubant prête aux fureurs d’Oreste sa belle voix sonore.

Une salle de spectacle a toujours, quand le soleil luit au dehors, un aspect étrange et lugubre. Le jour glissant par quelque interstice et s’y rencontrant avec la lumière du gaz produit des effets bizarres. On sait que la vie nocturne