Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/92

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série étrange d’événements vertigineux n’a-t-il pas fallu pour faire se coudoyer le Basile de Beaumarchais et de vraies religieuses dans un couloir de la Comédie-Française ! La chanson de Béranger, l’Actrice et la Sœur de charité, nous revenait en mémoire ; mais ici la réalité est au-dessus de l’invention, car ce n’est pas dans l’autre monde que la rencontre a lieu, comme le suppose la chanson. Rien de plus convenable et de plus décent que les rapports des comédiennes et des religieuses. Les artistes de la Comédie-Française sont de vraies dames, et elles ont pour ces saintes filles la vénération qui leur est due et qu’elles méritent si bien.

Aux fragments de Tartuffe, du Mariage de Figaro et des Plaideurs, se joignait l’attrait de récitations poétiques. Madame Victoria Lafontaine a dit avec un charme exquis d’intimité une délicieuse petite pièce de Théodore de Banville, qui peint la soirée du garde national revenant du rempart après vingt-quatre heures de pluie, de bise, de patrouilles et de faction au rempart, et retrouvant chez lui avec bonheur toutes les douces harmonies du foyer : la femme, l’enfant, le fauteuil moelleux, les chaudes pantoufles et la