Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/184

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S’il fut pendu, j’en conclus qu’il est mort.

Pierrot.
Vous croyez ?…

Arlequin.
Vous croyez ?… Quel bonheur !… Il faut que j’exécute,
Pour son De profundis, ma plus belle culbute !

Pierrot, à part.
Ce qu’il dit m’a troublé.
–––––––––Haut.
Ce qu’il dit m’a troublé. Monsieur, modérez-vous ! ––

Arlequin.
Laissez-moi me livrer aux transports les plus fous !…
Pierrot est mort !… vivat !…

Pierrot, à part.
Pierrot est mort !… vivat !… Quel air de certitude !
En mon esprit je sens naître une inquiétude ;
J’ai le droit d’être mort, si je n’en use pas ;
Plusieurs sont enterrés pour de moindres trépas.

Arlequin.
Du décès de Pierrot vous rendrez témoignage.

Pierrot.
Mais…

Arlequin.
Mais… Répondez !…

Pierrot.
Mais… Répondez !… Pardon, cette démarche engage ;
J’ai besoin d’y songer, et je ne voudrais point
Sur ce grave sujet faire erreur d’un seul point.

Arlequin.
Si vous l’avez vu pendre, il ne faut d’autre preuve
Ah ! prenez en pitié les ennuis de sa veuve !

Pierrot.
Vous me fendez le cœur ! J’espère qu’il est mort…