Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/189

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Le Docteur, à part.
C’est vrai, je m’empoisonne.On n’est pas plus oison !

Pierrot.
À cet affreux état savez-vous un remède ?

Le Docteur.
Peut-être ; la nature opère, quand on l’aide,
Des miracles…

Pierrot.
Des miracles…Eh bien, qu’elle en fasse un pour moi !

Le Docteur.
Les miracles sont chers et veulent de la foi.

Pierrot.
J’ai la foi.

Le Docteur.
J’ai la foi.Mais l’argent ?

Pierrot.
J’ai la foi. Mais l’argent ?À travers mes désastres,
Dans ma ceinture en cuir j’ai sauvé quelques piastres.

Le Docteur.
Montrez.

Pierrot.
Montrez.Voilà.

Le Docteur.
Montrez. Voilà.C’est peu… Donner mon élixir,
Que ne pourraient payer les trésors d’un vizir,
Mon élixir divin, pour une ou deux poignées
De monnaie exotique et de piastres rognées,
C’est un marché de dupe…

Pierrot.
C’est un marché de dupe…Hélas ! J’ai bien encor
Dans mon bouton, cousue, une pistole d’or.

Le Docteur.
Bon ! gracieusement déposez la pistole
D’une main, et de l’autre empoignez cette fiole.