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Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/368

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gèrent la nymphe Ménaca de le distraire de ses exercices ascétiques. Le saint ne fut pas insensible à la tentation, et de son péché résulta une petite fille qui fut exposée sur les rives du Malini. Comme l’ardeur du soleil l’incommodait, les oiseaux compatissants voltigeaient au-dessus d’elle et lui faisaient de l’ombre, d’où lui vint le nom de Sacountalâ (protégée des oiseaux). Le sage Canoua recueillit l’enfant et l’éleva dans sa retraite, sachant par son don prophétique qu’elle était réservée à de grandes destinées. En effet, de l’union de Sacountalâ avec le roi Douchmanta naquit le conquérant de l’Inde, le héros du Mahabhârata, ce poëme gigantesque dont la lecture publique dure six mois.

Les amours de Douchmanta et de Sacountalâ en forment un épisode dont le poëte Calidasâ, contemporain de Virgile, fit un drame en sept actes, considéré comme un des chefs-d’œuvre de la poésie indienne.

C’est à ce drame qu’est empruntée la fable de ce ballet.



ACTE PREMIER


Le théâtre représente une forêt sacrée non loin de l’Himalaya, sur les bords du Milani : elle est formée d’arbres des Banians, d’amras, de malicas, de madhavis, que rejoignent des lianes. À droite, s’élève une petite pagode ; à gauche, l’on aperçoit dans les feuillages les cabanes de roseaux des richis (ermites) ; au fond, des marches de marbre descendent à un étang sacré (Thirtâ).


Scène première

Canoua, chef des brahmes, assisté de brahmatcharis, est en prière devant le temple. Une flamme brille sur l’autel, la fanfare et le bruit d’une chasse se font entendre, des profanes ont pénétré dans la forêt. Canoua éteint la flamme, et envoie un brahmatchari voir qui est assez hardi pour troubler la retraite et les dévotions des saints ermites.