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UNE LARME DU DIABLE MYSTÈRE SCÈNE PREMIÈRE La chambre d’Alix et de Blancheflor. ALIX. J’ai beau travailler, ma sœur, je n’aurai jamais fini de broder celle chape pour le saint jour de Pâques. BLANCHEFLOR. Je t’aid rai, ma très-chère Alix, et avec la gràce de Dieu nous arriverons à temps. Voici que j’ai fini la couronne que je tresse à la sainte Vierge avec des grains de verre et de la moelle de roseau. ALIX. J’ai encore à faire toul ce grand pavot aux larges feuilles écarlates. J'ai bien sommeil, mes yeux sont pleins de sable, la trame du canevas s’embrouille, la lampe jette des lueurs douteuses, l’aiguille s’échappe de mes doigts, je m’endors... L'ANGE GARDIEN. Mon enfant, mon Alix, tâche de te réveiller ; tu n’as pas fait la prière ce soir...