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Page:Gautier - Une larme du diable.djvu/13

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de Dieu nous arriverons à temps. Voici que j’ai fini la couronne que je tresse à la sainte Vierge avec des grains de verre et de la moelle de roseau.

ALIX.

J’ai encore à faire tout ce grand pavot aux larges feuilles écarlates. J’ai bien sommeil, mes yeux sont pleins de sable, la trame du canevas s’embrouille, s’embrouille, la lampe jette des lueurs douteuses, l’aiguille s’échappe de mes doigts ; je m’endors…

L’ANGE GARDIEN.

Mon enfant, mon Alix, tâche de te réveiller ; tu n’as pas fait ta prière ce soir.

ALIX.

Pater noster, qui es in cœlis

BLANCHEFLOR.

Je m’en vais te délacer et te coucher ; tu rêves tout debout. Après je me déshabillerai moi-même et dormirai à mon tour.

L’ANGE GARDIEN.

La voilà presque nue ; on dirait une des statues d’albâtre de la cathédrale à la voir si blanche et si diaphane ; elle est si belle que j’en deviendrais